=> Peux tu rapidement te présenter ?Je m’appelle (en autre) rachel easterman-ulmann.
Je suis rousse juive et lesbienne.
Je suis plus vieille que mon âge.
Mes couleurs préférées sont le rouge et le rose et inversement.
Ce qui se rapproche le plus d’une identité liée à une activité professionnelle c’est ma pratique artistique. J’ai fait les beaux arts.
Je suis chômeuse. Le fait de ne pas avoir beaucoup d’argent me stresse beaucoup.
Je suis politisée.
J’ai passé la plus grande partie de ma vie à lire. C’est une de mes plus grandes joies
Je suis fière de ma communauté.
Je ne suis pas une fille, mais autre chose. Une folle qui voudrait être quelque part entre Delphine Seiryg et Divine, sans oublié Audrey Hepburn et bien sur Edina.
J’aime beaucoup hello kitty
=> Depuis quand est-tu à Act Up et qu'y as tu fait ?J’y suis depuis juin 1993.
Tout au long de ses années, j’ai fait mille et une choses. Je suis rédactrice en chef de la pages des idées folles (la pif), le journal interne. Aujourd’hui vice-présidence* en charge de l’action publique. Et moi qui ne suis pas super manuelle, je fais même des banderoles.
=> Pourquoi avoir changé de prénom ?Cela a commencé très tôt, parce que je n’aime pas mon premier prénom, nathalie (on m’a donné ce prénom chrétien parce que mes grands parents ne voulaient pas que j’en ai un juif, sarah en l’occurrence) par l’angoisse lié à ce qu’il et elle avaient vécuEs. Alors j’ai eu plein de surnom plus jeune, Blanche-Neige (pour la couleur de ma peau sûrement …) entre autres. A un moment j’ai décidé de faire ce que je voulais de ma vie, j’ai choisi, parce qu’il me plaisait et que c’était un de mes prénoms, Rachel. C'est à 6 mois près, à ce moment la que je suis venue à Act Up-Paris, j’ai aussi enterré des amiEs, et j’ai commencé petit à petit à me libérer de plein de choses, j’étais très très introvertie. Après j’ai ajouté le nom de ma mère (Easterman)
Richard qui est venu ensuite (Richard Basterman) ça vient d’une carte de voeu de SOS Hépatite qui m’appelait Richard Basterman-Ulmann, à la place de Rachel Easterman-Ulmann. ça m’a beaucoup plu et puis comme ça on peut m’appeler dick. Et pour la personne chargé de l’action publique avoir une identité secrète cela le fait/
Bref cela repose sur l’idée qu’on se construit, que notre identité vient de nous-même, que c’est notre choix qui prime sur ce qui nous regarde (prénom, corps, sexualité, etc) tout ça tout ça.
=> Tu te considères comme une folle, comment ça? Les folles, ce sont des hommes, non ?
C’est super sexiste. Oui, bien sûr que si, on n’est pas pédé, on peu être une femme, on peut être ce qu’on veut, en dehors, on peut être folle. Ca ne veut pas dire nié l’estimologie du terme mais l’enrichir. Il ne manquerait plus que ça. Par exemple, même si ça fait un peu idiot de dire ça, j’ai vraiment fait mon coming out de « j’aime le rose », pendant très très longtemps je refusais tout ce qui m’assignait à mon sexe/genre, au fait d’être une fille, j’avais honte d’aimer le rose, parce que c’était tellement gnangnan. Et a un moment je suis passée à autre chose, je me suis ré-aproprié le rose, je ne l’aime pas parce que je suis une fille, mais parce que c’est si joli et minoritaire.
Je suis folle, Madame.
=> Est-ce que tu penses que la follitude est tout aussi importante à Act Up et dans son efficacité que la colère?
Ça combat les rapports de pouvoir, y compris à l’intérieur d’Act Up. Atre soi-même c’est la meilleure façon d’exister. La follitude c’est le prosélytisme de la fierté. Et donc oui bien sûr. C’est tout l’intérêt, la beauté. Mais de toute façon les deux sont liés. Une folle qui hurle ça fait peur.
* depuis le temps à passez et aujourd’hui je ne suis plus vice-présidente, un peu co.
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